La médecine repose sur un principe fondamental : aider sans nuire. Pourtant, certaines pratiques aux effets constatés restent inexpliquées par la science. C’est le constat du médecin et neuropsychiatre David Servan-Schreiber, qui plaide pour une approche pragmatique : un traitement doit être jugé sur son efficacité, même si son mécanisme reste mystérieux.
L’énigme des barreurs de feu
Certains radiothérapeutes conseillent à leurs patients de consulter un barreur de feu pour atténuer les brûlures dues à la radiothérapie. Pourquoi ? Parce que dans leur expérience, les patients traités par ces praticiens souffrent moins d’effets secondaires. Pourtant, la science ne sait pas expliquer ce phénomène. Servan-Schreiber soulève alors une question cruciale : est-il rationnel d’ignorer un soin qui fonctionne simplement parce qu’on ne comprend pas comment il agit ?
Le lien entre l’esprit et le corps est avéré. La peau et le système nerveux central partagent une origine embryonnaire, ce qui pourrait expliquer pourquoi certaines interventions influencent les réactions cutanées. Il rappelle aussi que l’effet placebo, bien que souvent minimisé, est en réalité un mécanisme d’autoguérison puissant. Lorsqu’un effet est reproductible et systématique, il ne peut plus être qualifié de placebo, mais devient un véritable traitement.
Les guérisseurs et le cancer : une aide complémentaire ?
Médecine alternative et guérison! En parcourant le monde et en rencontrant des patients atteints de cancer, Servan-Schreiber a constaté que de nombreux malades attribuent une part de leur guérison au soutien de guérisseurs. Impossible de prouver scientifiquement leur rôle exact, puisque ces patients suivent également des traitements conventionnels comme la radiothérapie, la chimiothérapie ou la chirurgie. Néanmoins, le ressenti des patients compte, et si une approche complémentaire leur apporte un mieux-être sans interférer avec la médecine traditionnelle, pourquoi la rejeter ?
Une rencontre troublante avec une guérisseuse sioux
Son propre parcours l’a confronté à l’inexplicable. Alors qu’il accompagnait une patiente voir un chamane sioux, il a profité de l’occasion pour poser des questions sur sa propre santé. D’abord, le chamane lui annonce qu’il va bien. Mais le lendemain, la mère du chamane, une guérisseuse âgée, lui fait une déclaration troublante : sa tumeur cérébrale est revenue. À ce moment-là, ses examens médicaux n’indiquaient rien d’anormal. Pourtant, trois mois plus tard, la tumeur était bien réapparue et avait grossi, nécessitant un nouveau traitement.
Comment expliquer cela ? Servan-Schreiber ne prétend pas avoir la réponse. Il préfère parler de respect face au mystère.
L’impact des traumatismes sur la guérison
Au-delà des pratiques alternatives, il insiste sur un autre facteur souvent sous-estimé : l’influence des traumatismes psychologiques sur la santé physique. Des souffrances profondes – comme un deuil, une agression ou une expérience de guerre – laissent une empreinte durable sur l’organisme. On sait aujourd’hui que le stress chronique modifie des substances clés du corps, comme la cortisone ou la noradrénaline, impactant ainsi le système immunitaire et sa capacité à lutter contre des maladies, y compris le cancer.
D’où l’importance, selon lui, d’un travail sur le passé pour maximiser ses chances de guérison.
Médecine alternative et guérison
Pour Servan-Schreiber, la médecine moderne doit se garder d’un dogmatisme scientifique. Faire le maximum avec ce que l’on sait, tout en gardant l’esprit ouvert face à ce que l’on ne comprend pas encore, voilà l’approche qu’il défend.
Le mystère de la vie et de la guérison dépasse souvent nos connaissances actuelles. Et peut-être est-ce là la plus grande leçon à retenir : l’important n’est pas seulement de comprendre, mais avant tout d’aider.
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